En un seul disque, l’acclamé Regarde le ciel (2013), Aline est devenu une référence incontournable de la pop française. Au point que certains y décèlent “les nouveaux Gamine”.
Dans un paysage hexagonal en pleine effervescence, le groupe de Romain Guerret – découvert en 2009 sous le nom de Young Michelin, sa première identité avant le casse-tête pneumatique – réussit à conjuguer ses références anglo-saxonnes (The Wake, Orange Juice, Field Mice) avec des chansons écrites dans sa langue maternelle. Et à signer un tube addictif : Je bois et puis je danse. Avec ce disque qui renoue superbement avec la ligne claire, Aline marque les esprits et tourne un peu partout pendant l’année 2013. En prévision du second album – une étape toujours cruciale dans une carrière –, les cinq “copains” d’Aline rêvent à voix haute : enregistrer avec Stephen Street, le célèbre producteur de The Smiths, Morrissey ou encore Blur. “La musique, c’est d’abord un rêve, pas un métier. On rêvait secrètement de collaborer avec Stephen Street parce qu’il a réalisé quelques-uns de nos albums de chevet. Ce fut une très belle rencontre. Avec lui, nous avons passé un cap et élargi le spectre, en abordant des styles différents, quelques apports reggae ou dub sur certains titres.” Ou comment aller voir ailleurs tout en devenant le premier groupe français produit et mixé par Stephen Street.
Enregistré dans les studios ICP à Bruxelles, La vie électrique est un disque à la fois plus électrique et plus varié que son prédécesseur, reflétant ainsi l’apport du collectif. Toutes les compositions sont d’ailleurs cosignées par les cinq membres d’Aline : Romain Guerret, donc, Arnaud Pilard (guitare), Romain Leiris (basse), Jérémy Monteiro (clavier) et Vincent Pedretti (batteur). Dévoilé par un aguicheur single qui donne son titre à l’album et qui résonne déjà dans toutes les têtes (“Allez monte je te suis, y a le jour qui se lève / Prends bien ton temps la vue est belle”), La vie électrique s’écoute d’une seule traite et avec un plaisir chaque fois renouvelé. Les surprises sont nombreuses : de l’instrumental reggaeïsant Plus noir encore (à mi-chemin entre The Specials et Gorillaz) au brûlot punk conclusif Promis juré craché (tel du Buzzcocks en français), sans oublier le morceau caché Mon Dieu, mes amis.
Pour mettre des paroles sur les musiques de La vie électrique – onze sur l’album en CD, treize dans l’édition vinyle –, Aline puise, à travers la plume de son leader Romain Guerret, son inspiration dans les villes (Les Angles morts, Chaque jour qui passe), l’astrologie (La Tristesse de la balance), le couple (Les Résonances cachées), la guerre 14-18 (Avenue des armées, déjà un classique dans le répertoire du groupe) ou la biographie de Morrissey (Une Vie)… Autant de thématiques qui touchent parfois à l’intime et parfois à l’universel. Si le premier album était plus autocentré, La ve électrique est davantage tourné vers l’extérieur.
Ce disque parle du monde d'aujourd'hui tel qu’on le ressent, un monde « vibrant » entre résignation et tension permanente, quand tout bouge de façon anarchique et chaotique comme la lumière d'un néon.
Totalement affranchi et soudé comme les doigts d’une main, Aline multiplie les accroches mélodiques et les refrains imparables. Encore une fois, Aline fait mouche.