"This Is What I Do" - Sortie le 27 janvier

Mis sur le gril dans une émission télé où on lui demandait le titre de son prochain album, Boy George a laissé échapper This Is What I Do. Pas au hasard, comme cette histoire pourrait le laisser penser, le titre étant l’un des rares à avoir été envisagé, mais suite à cette décision instantanée, il a été gardé.

Cette simple affirmation d’un fait – C’est ce que je fais – est révélatrice et significative, parce qu’il s’est passé tellement de choses au cours des années que ça a vraiment occulté ce que faisait George et qui il était.

« Il s’agit de me rétablir musicalement en disant : voici ce que je fais. J’étais aux Brit Awards il y a deux ans et des gens me citaient des noms inattendus, comme Cee Lo Green ou Arcade Fire. Ça m’a fait réfléchir, beaucoup de gens savent qui je suis et ont de l’affection pour moi, mais ils ne savent pas vraiment pourquoi ils m’aiment. J’ai dû me demander : et bien, qui es-tu, qu’est-ce que tu es ? »
George est assez célèbre pour que nous ayons tous une opinion et que nous pensions tous savoir qui il est. Avec This Is What I Do, il y a des chances que nous soyons déconcertés. Fermez les yeux, faites le vide dans votre esprit, et comme une autre pop star des eighties l’a dit un jour, écoutez sans préjugé (listen without prejudice). C‘est peut-être le meilleur disque qu’il ait jamais fait. C’est le disque qu’il a toujours promis de faire, mais ce n’est qu’aujourd’hui, grâce à son expérience de la vie, qu’il a pu se trouver en prise directe avec sa muse.

En le faisant, il a libéré son esprit pour explorer non seulement son propre psychisme mais aussi les diverses influences qui l’ont inspiré au cours des années – du dub au rap, de Woolwich à la Jamaïque, du glam rock au country, des rues mal famées aux hauteurs ensoleillées.

« Je suis retourné à l’âme et à l’essence de ce que je fais. Ça a été important pour moi. Il y a eu quelques périodes au cours des années pendant lesquelles je n’écoutais pas de musique. C’était presque comme si les oiseaux s’arrêtaient de chanter. Je peux mesurer mon propre bien-être à la quantité de musique que j’écoute.

« Pour ce disque, on écoutait beaucoup de trucs en studio, des choses prises au hasard, qui n’avaient rien à voir avec ce qu’on était en train de faire, pour trouver un feeling. On écoutait beaucoup de ce que j’appelle de la musique baggy, de la musique qui n’est pas programmée, légèrement à côté du rythme, un peu flottante, qui possède sa propre empreinte. En tant que DJ, je passe pas mal de trucs dance en collaboration avec d’autres gens, je voulais m’éloigner de ça et faire quelque chose de plus organique. Je sais que c’est un cliché, mais c’est ce que je recherchais. » La liste des musique écoutées allait des premiers disques de Bowie et des Stones à Cockney Rebel, Nico et Lou Reed.

« L’album a été facile à faire. Il contient beaucoup d’amour, beaucoup d’amour, et les gens avec qui j’ai travaillé au cours des années sont venus et ont tous apporté leur contribution. » Pour ceux qui ont connu George au temps de Culture Club, cette déclaration est troublante en elle-même. Les séances d’enregistrement étaient alors toujours pleines de drame et George détestait l’environnement du studio, il fallait quasiment l’y traîner de force pour qu’il enregistre ses parties vocales et il s’enfuyait aussi rapidement qu’il le pouvait.

« Faire des albums a toujours été un drame pour moi, mais cette fois c’était tout simplement génial et si je fais un autre disque de Culture Club, ça devra être amusant. Ça n’a pas à être une prise de tête. On est payé pour faire ce qu’on aime. C’est un tel plaisir de faire ce qu’on fait.

« L’album a démarré avec le reggae comme modèle, mais ensuite il s’est ouvert à d’autres choses. On ne voulait pas se restreindre, parce qu’on doit faire honneur aux chansons et donc, si l’une d’elles possède un certain type d’énergie, on ne peut pas la faire entrer de force dans un genre.
« On est revenu aux seventies, l’époque qui m’a formé en tant que musicien et que personne. Les années soixante-dix ont été une décennie tellement folle, il y a eu de tout, des Sex Pistols à The Goombay Dance Band. Même si Culture Club a été associé aux eighties, nos racines étaient dans les seventies – reggae, glam rock, punk rock, disco, electro. Je pense que ce disque est très seventies. »

George a étendu son répertoire musical, tout en conservant son âme et sa sensibilité pop. Il a trouvé son dieu rock intérieur sur « My God », exploré le swing country sur « It's Easy », accédé à un état second onirique sur « Any Road », s’est fait sensuel et mélancolique sur « Death Of Samantha » et nous a rappelé, et s’est peut-être aussi rappelé à lui-même, son côté espiègle sur « Nice And Slow ».

L’exploration de ses racines musicales fait écho au voyage de découverte personnelle dans lequel il s’est embarqué depuis qu’il est devenu sobre en 2008. Une autre étape importante a été le fait d’atteindre la cinquantaine il y a deux ans.

« Ça a été un immense tournant pour moi. Je me suis dit que je devais me ressaisir, me concentrer, que c’était important. Je sentais simplement que j’avais perdu beaucoup de temps. Je me suis regardé et j’ai pensé, mon Dieu, je n’ai rien fait. Je sais que j’ai fait plein de choses, j’ai toujours travaillé, j’ai bossé dur et toujours gagné de l’argent, mais beaucoup de ces choses étaient vaines parce que personne ne savait ce que je faisais. »

Il a changé de management, pris un nouvel agent pour ses activités de DJ et a entrepris de montrer au monde qui était le vrai Boy George, celui qui avait été caché dans une sorte de brouillard, en partie de son fait, en partie à cause de tous les mythes qui ont été construits autour de lui.

On s’aperçoit de plus en plus que George est l’un de ces artistes dont la réputation doit être reconsidérée. Cette reconnaissance n’a cessé d’augmenter régulièrement au cours des années. Antony Hegarty a rendu hommage à George quand ils ont chanté en duo sur « You Are My Sister » en 2005. En 2010, Mark Ronson a invité George à chanter sur « Somebody To Love Me ». Un peu plus tôt dans l’année, George avait été l’un des invités de Yoko Ono au festival Meltdown.

This Is What I Do est prêt à pousser encore plus loin cette réévaluation et à montrer au monde que George n’est pas seulement de retour, mais qu’il est également un artiste important possédant un irrépressible élan vital. Quand vous allez l’écouter, vos oreilles vont trembler, votre âme va frissonner et vous aurez envie de danser la danse de Saint-Guy.