En concert les 21 (COMPLET) et 22 mai au Casion de Paris.

 

"On dit qu'une fille du nom de jack était en réalité un mec appelé susan, ses jupes étaient sombres et méchantes, le teint de son visage clair et bronzé. Oh jésus christ, Marie Madeleine, cher couteau redoutable, douce lame assoiffée de sang, j'aurais fait de toi mon bébé, calciné comme quelque demeure vengeresse, dont les yeux sont en feu et ondoient d'essence, l'air diabolique et jamais décontenancé. Comme les chatons donnent des coups de patte sur leur chemin à des traces sanglantes dans la neige, derrière le hangar, versant de petites larmes amères au goût salé, pleurant face à la réflexion dans le miroir d'un lustre en cristal. Clown rieur et cliquetis de porcelaines, soutiens-gorge d'époque sur plats d'argent, beignets pâteux de poissons frits, crépitement de cerveau, vessie pleine, chose éthérée, papillons."

« Voyageant vers l'intérieur, dans un morceau de braise sombre comme une forêt, conduit par une lumière cristalline, passées les voix des baleines et des âmes anciennes, nous avons embarqué; glissant avec les pieds crottés sur un parcours sans destination à travers des eaux sombres remplies de filles s'émerveillant de tout. Nous avons eu beaucoup de guides, certains morts, certains vivants, quelques sœurs aux noms prononçables, d'autres dont nous avions juste une vague idée, les dernières chaleurs de l'été suintant de la terre gorgée de soleil d'un soir de septembre. Nous fermons nos yeux, pour entendre les travaux de décoration, un champ de maïs calciné, un triste endroit dont se souvenir, l'histoire d'un corbeau sans cœur, ses interminables ricanements de fantôme, sa mission, misogynie. Nous, vagues doubles, lourdement chargées de sel, d'identité féminine imposée, sous-jacente, la trinité pleure, elle porte si joliment le deuil. Lourd sur nos cœurs, le poids du temps; la terre qui a perdu son équilibre, tombée dans les profondeurs enneigées des mucosités industrielles. Doux seigneur chrétien, laisse-moi partager ce qu'il y a de plus profond en moi, que ce soit humide de rosée ou énigmatique. Laisse les être romantiques, tous mes gestes vers toi. Nous nous sommes laissées entraîner par nos longs cheveux, emportées par notre grand désir de donner. Un œil de verre, une dent brillante, un bibelot ou deux, quelques petites traces de l'englouti, noyé et maintenant immortel »

« Le froncement de sourcil peut désapprouver ces sous-vêtements peu convenables, qui en montrent trop et déteignent. Pour faire disparaître la honte et libérer, chaque chanson possède un but, une flèche ouvragée à la main tirée à travers une essence. Un parfum unique, douce haleine, fleur des champs, ou tissus moisi, quelconque. Des miracles peuvent se produire quand les belles-de-jour sauvages ont une discussion mélodieuse. Si nous pouvions capturer juste un peu du rire des fleurs et tout vous raconter à nouveau, peut-être alors le ciel pourrait-il passer d'un enchevêtrement de torrents de gris à un tranquille pantalon de soie de marin, bleu. »

Après avoir tourné pendant la plus grande partie de l’année 2007, à la sortie de notre dernier album, nous étions prêtes à créer de nouvelles chansons. Nous venions de terminer une tournée en Amérique du Sud, et nous nous sommes spontanément mises à chercher le studio analogique le plus proche, ainsi que quelqu’un pour tourner les boutons. Par un ami commun, nous avons rencontré Nicolas Kalwill, un ingénieur du son basé à Buenos Aires qui avait travaillé sur 15 albums argentins certifiés disques d’or et de platine. Il nous a suggéré un studio vintage de Buenos Aires connu dans le monde entier, qui s’appelle Panda, où nous avons passé la moitié des douze séances qu’il nous a fallu pour faire ce disque. Nico Kalwill est l’ingénieur dont tous les artistes rêvent – très talentueux et toujours partant pour travailler patiemment au milieu du chaos créatif total dans lequel se développe l’écriture de nos chansons. Nous nous sommes trouvés des affinités tellement intenses que nous avons voulu en faire une tradition.  Après chaque grande tournée, nous nous retrouvions tous ensemble pour enregistrer dans le studio le plus proche que nous puissions trouver de notre dernier concert.

Bien que nous ayons flairé un potentiel durant les enregistrements de "The Adventures of Ghost Horse and Stillborn", ce n’est qu’au cours des séances à Panda que le nouveau membre de notre groupe à l’allure de lutin, Gael Rakotondrabe, est véritablement devenu notre âme sœur musicale et le partenaire créatif de tant de chansons de cet album. Pianiste originaire de l’Île de la Réunion, ayant grandi en jouant de la musique Créole, Gael est arrivé à Paris pour faire carrière dans le jazz. Sa formation éclectique l’a amené à des choses aussi diverses qu’écrire et arranger des œuvres classiques pour le Royal Dutch Orchestra, remporter le premier prix du concours de piano solo de Montreux, ou collaborer avec CocoRosie sur scène et en studio. L’ouverture de Gael, toujours prêt à tout essayer dans le domaine du son, a permis une alchimie explosive dans notre collaboration pour l’écriture de chansons.    

La première séance à Panda a été incroyable. Nous débordions de musique, nous avions trop d’idées à coucher sur bande en une seule fois. Nous sommes restés debout cinq nuits d’affilée et nous avons enregistré environ sept chansons. A ce stade, tout était basé sur l’improvisation et l’expérimentation avec du matériel analogique. La première chansons enregistrée a été "God Has A Voice, She Speaks Through Me", un titre dance parlant de suicide, d’extase spirituelle et de la vie sous le voile. Ce morceau a été le début d’un long et passionnant voyage qui nous a finalement conduit à l’achèvement d’un nouvel album gardant peu de traces de l’océan disco d’où nous avions embarqué.  

Lors de notre deuxième séance à Buenos Aires, nous avons rencontré Bolsa – un légendaire batteur de rock argentin doté d’une redoutable chevelure. Bolsa s’est avéré être, pour nous, la porte suivante qui allait s’ouvrir, alors que nous travaillions sur la chanson "Hopscotch".  Nous avions enregistré le chant et demandé à Bolsa de le gonfler avec quelques beats de style jungle : "jungle" comme dans la "drum and bass" du début des années 1990. "Hopscotch” est devenue la chanson la plus enjouée et la plus schizophrénique de ce disque.  Avec nos deux styles vocaux, nous avons poussé encore plus loin nos différences et joué sur cette dualité pour montrer l’expression d’un monde intérieur et extérieur dans nos chansons.

En dehors de Buenos Aires, nous avons également passé du temps à enregistrer à Paris, Berlin, New York, et Melbourne. Mais c’est au cours d’un de nos rares enregistrements à la maison que nous avons écrit une de nos chansons préférées. Nous cherchions dans de vieilles boîtes des objets appartenant au passé de notre mère et nous avons trouvé une bande des années 1970 qu’elle avait enregistrée elle-même. Les paroles étaient en Cherokee, avec un vieux son folk grinçant. Nous avons utilisé sa chanson accompagnée d’un tambour indigène pourri pour notre enregistrement de "Pink Balloon of Time", qui s’est plus tard transformé en "Undertaker" (croque-mort). Avec la voix de notre mère au début et à la fin, “Undertaker” explore un paysage sonore irréel de clarinettes basses et de bourdons qui fait penser au film "The Dark Crystal", avec ses paroles dans une langue populaire médiévale.  

Après un an et demi de labeur, deux ou trois de ces nouvelles chansons ont commencé à se frayer un chemin dans nos concerts. Nous avons alors su qu’elles étaient prêtes à être entendues. Nous nous sommes réunis à nouveau, une dernière fois, avec Nico, pour les mixer pour notre quatrième album, Grey Oceans.