"Villa Rosa" - Sortie le 4 novembre

En concert le 12 février 2014 au Café de la Danse  

Le débit s’accélère. Les yeux brillent. Il disserte photographie, évoque l’amitié, mentionne Fugazi, cause littérature. Il est ainsi, le garçon. Dès qu’il parle de l’une de ses passions – nombreuses, les passions –, il s’emballe et entraîne l’assistance dans son sillage. Da Silva est un homme qui n’aime pas les faux-fuyants, les non-dits ou les demies-vérités. Il est de ceux qui jouent cartes sur table. À prendre ou à laisser. “Impatient” de nature, il ne sait pas calculer. Il a ce besoin d’aller de l’avant. Toujours. Creuser l’idée. Concrétiser la mélodie qui vient de lui passer par la tête. Trouver le(s) mot(s) juste(s) pour achever ce texte qui lui brûle les lèvres. Et pourtant, “il ne faut pas croire ce que l’on dit…” Pas toujours.

D’ailleurs, que dit-on au sujet d’Emmanuel Da Silva, chanteur, conteur, auteur, compositeur (pour lui, pour les autres), musicien et tant d’autres choses encore ? Tout. Son contraire. Et inversement. L’homme s’en moque et balaye le qu’en dira-t-on d’un élégant revers de main. Il n’a pas assez de temps pour tergiverser. Il préfère se renouveler, imaginer, travailler, faire des rencontres. Artistiques, souvent, humaines, toujours. Ça tombe bien : ces dernières ont servi de fondations à Villa Rosa, cinquième album signé DA SILVA – et le deuxième pour [PIAS] Le Label. Soient dix chansons, jouées en un peu plus de trente minutes – la même durée que « 17 Seconds » de The Cure (un hasard ? Peut-être. Sans doute). Dès le départ, sûr de son fait – ça lui arrive, parfois –, le Breton d’adoption connaissait le nombre exact de titres qu’il désirait sur ce disque. D’ailleurs, il n’en n’a pas envoyé un de plus à Thibaut Barbillon (guitariste, croisé avec Nouvelle Vague) et Frédéric Fortuny (claviers, aperçu entre autres chez Autour de Lucie), compagnons de route invités à habiller des maquettes enregistrées près de l’os. Ensemble, dix jours durant, au rythme de sprinters engagés dans un marathon, ils ont investi les studios ICP, à Bruxelles. Peu dormi, beaucoup discuté. Enormément travaillé. Ajouté. Ôté. Et ont trouvé le juste équilibre, rejoints par des musiciens triés sur le volet (le géant Jeff Hallam, le métronome Philippe Entressangle, l’orfèvre Jean-Pierre Ensuque…). Des guitares aériennes accompagnant les foulées du « Coureur De Fond » aux cordes mélancoliques écrites par Emmanuel D’Orlando (« La Tasse », à siroter dans la pénombre), des boucles synthétiques et entêtantes de « L’Été » que l’on rêve sans fin à la rythmique acrobatique qui sert de fondations à la lumineuse « Villa Rosa » (la chanson) – sans oublier la disco électro-déboitée de « Gin Fizz » ou les effets robotiques du « Puits » –, le trio a façonné ces chansons au gré de ses lubies, de ses envies, de ses croyances, de ses (in)certitudes.

Que DA SILVA appartienne à la lignée d’une certaine chanson pop française (le regretté Daniel Darc, le Suisse Stephan Eicher – pour faire bref), ce n’est pas un mystère. Mais, sans trop que l’on sache pourquoi (la paresse, l’ignorance ?), on oublie trop souvent quelques filiations pourtant assumées qui nous emmènent au-delà des mers (la Manche) et des Océans (l’Atlantique) – new-wave, electro et/ou indie pop. Définitivement inclassable, parfaitement insaisissable, Da Silva ne le déplore pas. Il continue de porter la générosité en bandoulière et d’avancer, en nous invitant à le suivre. Et lorsque s’achève la promenade dans un « Paris » des eighties, on a cette douce sensation qu’il peut définitivement voir la vie(lla) en rose.

EN CONCERT
28, 29 et 30 novembre à PARIS – La Nouvelle Eve