L’ELECTRONIC BODY MUSIC, abrégé en E.B.M., est un terme dont la paternité revient au groupe belge Front 242. Choisi pour qualifier leur musique électronique, froide et dansante, débarrassée des influences afro-américaines dominantes de l’époque. Des rythmes électroniques puissants, froids et minimalistes constituent les fondations de ce nouveau genre musical. Le mouvement fait rapidement quelques émules avec notamment les Britanniques de Nitzer Ebb. Mais également dans le reste de l’Europe avec Borghesia, The Neon Judgement... qui seront signés sur des labels comme Play It Again Sam Records, Antler-Subway, Wax Trax!, Mute, Off Beat, Zoth Ommog, Pendragon, Metropolis... L’EBM vit sa popularité grandir rapidement auprès de la scène underground durant les années 1980 et au début des années 1990, particulièrement en Europe, avant de déferler sur le reste du monde. Ce genre musical influencera également la scène électro-indus ainsi que la techno, qui lui succéderont.

DANCING IN DARKNESS : EBM, BLACK SYNTH & DARK BEATS from the 80’s est un disque inspiré d’une compilation historique, This Is Electronic Body Music, parue en 1988 chez Play It Again Sam Records, à laquelle nous avons apporté de nouveaux titres issus de l’EBM bien sûr, mais aussi de la musique industrielle et de la pop synthétique de l’époque. Enfants du punk, de Kraftwerk et des avant-gardes du 20e siècle, ces formations aux musiques basées sur des rythmes froids et mécaniques ouvrirent l’ère de ce que certains appelleront l’âge noir des machines qui sonnera comme le premier déclin de la musique rock tout en annonçant les futures vagues house et techno.

< Throbbing Gristle, groupe formé au milieu des seventies sur les cendres de COUM Transmissions par Genesis P-Orridge, Cosey Fanni Tutti, Peter « Sleazy » Christopherson et Chris Carter sont les géniteurs de la musique « industrielle ». Ces « Terroristes Génétiques » dénommeront leur label « Industrial Records ». Ils pratiqueront leur musique à l’image de leur slogan « Industrial Music for Industrial People » faisant exploser tous les codes conventionnels de la musique comme le révèle ce titre « Dead On Arrival » extrait de leur album le plus représentatif de leur concept radical « DOA The Third and Final Report ».

< Deutsch Amerikanische Freundschaft (D.A.F) fût formé en 1978 à Düsseldorf par Gabi Delgado-Lopez et Robert Görl. Ce duo novateur de la scène allemande du début des années 80, aura une influence capitale sur les futurs courants de la techno. Leur son personnel, empreint d’une esthétique martiale, doit beaucoup aux timbres du légendaire synthé Korg MS-20.

< Cabaret Voltaire est un groupe originaire de Sheffield en Angleterre. Formé en 1973 par Stephen Mallinder, Richard H. Kirk et Chris Watson, il tient son nom du fameux club de Zurich qui abrita les prémisses du mouvement dadaïste. Leur première K7 fut éditée sur le label de TG Industrial records. Leur 12’’ dont est extrait le titre « Walls of Jericho » se hissa jusqu’à la 6éme place des charts indie anglais en juillet 81. La version initiale était agrémentée d’un 45t.

< Polyphonic Size est un groupe de new wave formé en 1979 en Belgique par Roger-Marc Vande Voorde, originaire de Charleroi, mixant guitares électriques et synthétiseurs Korg, alternant textes en anglais ou en français. Produit par Jean-Jacques Burnel, échappé des Stranglers pour un temps, « Zas » nous plonge dans une ambiance électronique à l’alchimie singulière, explorant à l’aide de cris étranges et de synthés hypnotiques, des ambiances ténébreuses qui puisent leur inspiration dans l’esprit de la new wave.

< The Neon Judgement, originaire de Louvain (Leuven) en Belgique, formé en 1980 par Dirk Da Davo et TB Franck, incarne la face plus sombre de l’EBM. Le groupe associe paroles macabres, synthétiseurs bruts et boîtes à rythmes répétitives développant un son acerbe et dansant. « Chinese Black » reste probablement leur titre le plus populaire et le plus significatif de leur univers.

< Dirk Da Davo est l’un des membres fondateurs de The Neon Judgement. Extrait de son premier maxi solo très influencé par les écrits de George Orwell, « Sex Head » nous offre un titre aux percussions lentes et aux atmosphères quasi SM, caractéristique de l’inspiration érotique et noire de nombreux groupes de l’époque.

< Borghesia est un groupe originaire de Lubjana en Slovénie formé par Aldo Ivancic et Dario Several en 1982. Issu de la scène théâtrale underground de la ville, il est avec Laibach le fondateur d’une nouvelle scène artistique qui révolutionne la culture slovène de l’époque, et influence de nombreux artistes européens, au-delà des frontières de leur pays. Leur musique qui combine synthétiseurs symphoniques (Korg PolySix), batterie guerrière (Roland TR-808) et boucles hypnotiques (Roland TB- 303), leur permet de forger leur propre esthétique EBM.

< Chris & Cosey Après la séparation de Throbbing Gristle en 1981, le duo emprunta une voie pop et mélodieuse, en opposition à Genesis P-Orridge (Psychic Tv) et Peter « Sleazy » Christopherson (Coil) qui choisirent quant à eux une inspiration plus sombre. Leur musique minimaliste et synthétique, dans laquelle la voix sensuelle de Cosey s’harmonise à merveille avec leurs séquences percussives, séduira à la fois les amateurs de musique expérimentale comme les clubbers.

< Click Click Formé en 1982 par Adrian Smith et Derek E. Smith, ce combo britannique développe un son particulier grâce au synthétiseur EDP Wasp, qui leur permet alors de concevoir une électronique aux sonorités puissantes, que l’on qualifiera de synth-rock. Influencé par les travaux de Brian Eno ou Cabaret Voltaire, Click Click poursuit avec d’autres membres une voie plus électronique jusqu’à leur séparation définitive vers 1990.

< FRONT 242 Fondé en 1981 à Aarschoot, en Flandres, par Daniel Bressanutti (Daniel B), Dirk Begen (remplacé en 83 par Richard Jonckhere, alais Richard 23), Patrick Codenys et Jean Luc De Meyer, Front 242 est sans nul doute le groupe belge le plus influent du mouvement Electronic Body Music, néologisme dont ils sont les créateurs. Avec leur esthétique paramilitaire et leur fascination pour la technologie, ils conçoivent un son dont plus d’un groupe depuis s’est inspiré. Le titre « Body to Body » dans la version « Remix EBM » est la perle de ce mouvement.

< The Cassandra Complex fût formé à Leeds en Angleterre au début de l’année 80 par Rodney Orpheus et Paul Dillon, fans et organisateurs de grands spectacles multimédias. Ils développent le son du groupe en y incorporant, non seulement des éléments d’EBM, mais également de l’industriel, de la new wave et de la synth-pop, leur esthétique étant parfois décrite comme un mélange de Joy Division, The Ramones et Kraftwerk.

< The Weathermen Ce duo formé en 85 par Jimmy-Joe Snark III, alias Jean-Marc Lederman et Chuck B, alias Bruce Geduldig, a commencé comme une blague. Le duo américano-belge enregistre une première démo puis l’envoie à une maison de disques locale via les États-Unis prétextant qu’il s’agit de deux Américains énigmatiques. Contre tout attente, le stratagème fonctionne et le groupe signe sur Play It Again Sam Records. Leur électronique au ton satirique, qui se joue des figures de l’EBM, rencontre le succès en 1987 avec le titre « Poison ».

< Nitzer Ebb fût formé en 1982 à Chelmsford dans l’Essex par Douglas McCarthy, Vaughan « Bon » Harris et David Gooday. Leur musique, influencée par les sons les plus incisifs de la scène postpunk, mais aussi par la musique industrielle, se caractérise par des rythmes puissants, soutenus par une basse séquencée, minimale et féroce. Leur mélange unique de boucles minimalistes, de synthés et de chants à l’esthétique martiale, a connu un véritable succès dans les clubs à travers le monde. Ils sont souvent cités, avec Front 242, parmi les groupes les plus influents de la scène EBM.

< Meat Beat Manifesto est un groupe britannique formé par Jack Dangers et Jonny Stephens en 1987, à Swindon dans le Wiltshire. C’est d’abord à travers le spectacle vivant et l’audiovisuel qu’il se fait connaître, sous la forme de performances qui mêlent des danseurs dirigés par le chorégraphe Marcus Adams, dans des costumes et des décors conçus par l’artiste Craig Morrison. Leur fusion inédite entre musique industrielle et dub, nourrie au hiphop, à la culture du sampling et du break, fait de ce groupe une figure incontournable de la scène musicale de cette époque. « Radio Babylon », tube dans les premières raves parties, annonce en quelque sorte la fin de l’EBM, et le début d’une nouvelle époque, au cours de laquelle la house et la techno domineront bientôt les dancefloors.