"Hirundo" - Sortie le 13 janvier

Il est là ! Dalcan est là ! Dans cet Hirundo, cette hirondelle qui passe, l’orage approche. Profitez-en, Dominique Dalcan est insaisissable, ne laissez pas passer l’occasion de l’écouter, de le voir, quand reviendra-t-il de nouveau ? Nul ne le sait.
On le disait disparu depuis quelques années, mais un artiste disparaît-il ?
Dalcan n’était pas parti, il était près de nous, au contraire, s’enfonçant dans la vie jusqu’à frôler la mort.
Avez-vous déjà vu sourire Dominique Dalcan ? Avez-vous déjà vu le visage d’un enfant qu’on lâche dans la cour de récréation ? Avez-vous déjà vu les yeux de l’homme qui vient de toucher la rive, quand il s’est cru noyé ?
Il s’emploie tant à ne plus se retourner sur son passé, il s’efforce à ne plus s’élancer vers l’avenir, Dominique Dalcan est un homme du présent, étranger à son ombre. Il est là !
Et l’on craint qu’il s’envole de nouveau, l’Hirundo.
Il s’est fait peur le grand oiseau quand il a fallu l’ouvrir pour soigner son coeur, un coeur d’enfant avec des soucis d’homme.
Dans « Un signe d’ouverture », Dalcan vit son entaille comme une ouverture au monde, aux autres. Il s’apaise alors, se remet à sourire, à danser et à rire.
Voyageur artistique, Dominique nous avait baladés de style en style, se souciant peu d’être suivi, pisté.
Les traces sont nombreuses, cependant.
Huit albums, en comptant les réalisations électroniques de Snooze, et ses collaborations avec le cinéma.
À peine le débusquions-nous qu’il était déjà ailleurs, jamais loin cependant, juste derrière nous parfois, un vrai cache-cache.
Aujourd’hui, il est là, Dominique, à portée de disque, entré en simplicité, contemporain.
Hirundo s’écoute avec la peau, en poils hérissés, aveuglés par le ciel quand la voix s’envole si haut, que l’on craint de la perdre d’oreille.
Décomplexé, Dominique, exalté par l’altitude.
Des sentiments intimes, Dalcan livre une étonnante fresque, où beaucoup d’entre nous se reconnaitront. Les enfants, les deuils, l’amour, le retour à la vie.
C’est l’histoire d’un homme, Hirundo. Un homme aux joies de gosse, tour à tour blessé et heureux, impatient et sage.
Dominique avoue être parti en vrille il y a quelques années.
Le corps n’acceptait plus l’âme turbulente du gamin exigeant, il lui a mis la lame sur le coeur.
L’artiste aux doigts d’artisan a fait une pause, a failli arrêter la musique, et a laissé la vrille tourner à vide.
Le corps tenait sa revanche. Ce que Dominique Dalcan ignorait, c’est que l’âme au repos murissait, qu’elle fabriquait secrètement le miel d’Hirundo.
De la vrille Dalcan a fait une valse.
Impossible de ne pas danser à l’écoute de « Sometimes ».
Quand l’échalas chauve aux pieds légers bondit, sa gestuelle évoque le vent, la solitude et les déserts. Il peut regagner sa dune ombragée, Dominique, il est là pour nous, à tout jamais, dans cet album où la joie recouvre d’un voile pudique la plus profonde des blessures, celle du coeur.
Peu à peu, votre tête bascule vers le ciel, vos yeux fouillent l’infini, un trait noir raye l’azur : une hirondelle fuse.