Depuis Gargilesse (Barclay, 2004), Rio Baril (Barclay, 2007) et Frère animal (Verticales/Gallimard, 2008), Florent Marchet n’a pas quitté la scène. La tournée Frère animal (qu’il poursuit aux côtés d’Arnaud Cathrine, Valérie Leulliot et Nicolas Martel) l’a conduit dans plus de cinquante villes différentes, dont cinq représentations parisiennes. Parallèlement, il a également tourné en solo, une vingtaine de dates durant lesquelles il a expérimenté ses nouvelles compositions. Pour autant, il n’a pas déserté les studios, notamment le sien. C’est ainsi qu’il a produit album et EP, écrit ou composé pour des artistes tels que Clarika, La Fiancée, Axelle Red, Élodie Frégé ou composé la BO d'un documentaire, Le Choix de Mon Père de Rabah Zanoun. Enfin, il vient de démarrer avec Arnaud Cathrine l’adaptation cinématographique de Frère animal (Production Haut & Court). Et, contre toute attente, il a trouvé le temps d’écrire, composer, arranger et réaliser son nouvel opus : Courchevel. Précisons également que pour cet album, cet artiste épris de liberté a rejoint le prestigieux label indépendant PIAS.
Avec Courchevel, Florent Marchet confirme son goût pour le romanesque et les plongées dans les provinces françaises qui lui sont chères. 11 chansons, 11 cartes postales pop, de vrais instantanés comme autant d'invitations au voyage : des pistes de ski à l’Île de ré, en passant par la plage de Narbonne ou encore Roissy… Ce faisant, il livre une véritable galerie de portraits: il y a Benjamin, qui fuit comme la peste le passage à la vie d’adulte sous le regard tendre de ses amis, une femme qui interroge le silence de son compagnon ou cet enfant de douze ans en proie à un secret familial. On croise aussi un père de famille qui décrit, non sans l’humour de la colère, le voyage en "charrette" que son entreprise lui destine ou encore cette jeune fille qui piste son idole avec un jusqu’auboutisme qu’elle finira peut-être par regretter…. Ces personnages, on les a tous croisés. Peut-être même s’agit-il… de nous. Ironie imparable, émotion cathartique, Florent Marchet interroge le sens des choses et de l'existence ... Ce petit monde, conté à hauteur d’homme, est évidemment le nôtre.
Et comme tout artiste, Florent Marchet a ses « guides de haute montagne ». Il y a tout d’abord les compositions issues du cinéma mythique des années 60 et 70 : celles de François de Roubaix, Michel Magne ou encore Michel Colombier. Ces génies musicaux, il aime les confronter à ses influences modernes : Phoenix, The XX, The Arcade Fire, Beck, MGMT ou encore Lily Allen. Ayant à cœur de réaliser une synthèse toute personnelle entre cet héritage musical et une contemporanéité foisonnante, il a donc exploré la fibre organique de ses Clavinet, Rhodes, Prophet 5, Philicorda, vieilles boites à rythmes et autre String Machine (qu’il a été chercher aux quatre coins de la planète). Le résultat : un recueil de pop lumineux. Ici les orgues se mêlent aussi bien au piano de prédilection qu’aux cordes folk et aux programmations singulières, non sans laisser une juste place aux cuivres.
Collaborations fidèles : on retrouve notamment les musiciens Bertrand Per-rin et François Poggio ainsi qu’Erik Arnaud et Djef Chauffour pour les prises de son. Collaborations inédites : on entendra résonner les rythmiques surprenantes du malien Mamadou Prince Koné, venus tout spécialement au studio Nodiva pour imprimer sur l’album l’écho de ses calebasses, de même que le son des guitares de Remi Alexandre (Syd Matters) et Seb Martel ou encore la voix de Jane Birkin dans un duo très inattendu. Les mixeurs Alf (Air), Julien Delfaud (Phoenix) et Stéphane Prin (Jean-Louis Murat) ont également apporté une couche de neige sur Courchevel. Sans oublier Anthony Goicoléa (artiste New-yorkais que Florent admire depuis plusieurs années) et Matthieu Dortomb (photographe déjà croisé sur Frère Animal ) qui ont apporté à notre chanteur passionné de photos d'art un témoignage élégant et décalé de ce voyage.
Florent Marchet est libre, il est lui-même. N’est-ce pas aujourd’hui l’une des exigences les plus difficiles à tenir ? Ce ne sera, en tout cas, pas un hasard si, parcourant Courchevel, vous croisez un instrumental intitulé « Hors piste ».