En concert le 5 novembre 2014 à La Gaité Lyrique
En promo le 5 novembre 2014 - autres dates disponibles sur demande
En concert le 17 novembre 2015 au Théâtre Molière
En concert le 5 novembre 2014 à La Gaité Lyrique
En promo le 5 novembre 2014 - autres dates disponibles sur demande
En concert le 17 novembre 2015 au Théâtre Molière
« Nous sommes à la fin des années 80, j’ai 11 ans et je reçois comme tous les mois mon numéro d’Astrapi. Au sommaire un dossier spécial An 2000. On nous raconte que le futur sera fantastique. Il y aura des voitures volantes, des week-ends sur la lune, on vivra mieux, moins de pauvreté, de famine et j’en passe. J’ai hâte d’y être.Malheureusement ça ne s’est pas passé comme ça. Les années 2000 ont montré un tout autre visage, plus inquiétant, plus violent et moins fraternel. On n’a pas vraiment hâte de découvrir les années 2050 et l’homme 2.0 ne fait plus rêver.
Un soir d’été en 2012, je suis dans mon jardin avec mon ami Guillaume Cousin qui crée la scénographie et les lumières de mes concerts et nous décidons d’explorer des pistes autour de ces thématiques-là. Lui en vue d’une exposition qui accompagnera notamment les concerts et moi en vue d’un nouvel album.
Les semaines passent, les orties poussent dans le jardin et allez savoir pourquoi je repense à Michael Jackson et à son surnom, Bambi. Cette icône des années 80 est une des premières tentatives de l’homme 2.0, de l’homme « augmenté » et de sa déshumanisation.
Bambi renvoie surtout à l’enfance, sa pureté et son innocence. Mais l’enfance c’est également le sentiment de toute-puissance, l’irresponsabilité et l’inconscience. L’album s’appellera donc « Bambi Galaxy ». Ce sera un voyage. Ce titre est arrivé en premier, avant même le premier mot et la première note de la première chanson. « Bambi Galaxy » donne le ton.
« Bambi Galaxy » est l’histoire d’un homme du 21ème siècle qui refuse et se raidit face aux nouvelles perspectives qu’offre le monde qui l’entoure. Il cherche sa place dans la société, dans un groupe, quel qu’il soit. Il lui manque ce talent qui consiste à pouvoir "adhérer", se tenir droit dans le rang. Il n’est pas adapté, comme l’on dit couramment de ces êtres attachants mais dont on ne sait pas quoi faire ni comment les aider. Un feu follet. Ce qui le conduit à tenter des expériences qu’on vous conseille plus ou moins : dans les brumes des psychotropes ("Que Font Les Anges"), dans les bras d’un gourou ("Space Opéra"), sur une plage hédoniste ("Héliopolis")… Ce faisant, il manque de céder à la paranoïa ("Reste avec moi"). Il cherche à identifier - par une auto-analyse à cent à l’heure - les sources probables de son malaise, niché dans l’enfance, comme par hasard ("Où étais-tu ? "). Alors notre héros ira au bout. D’abord en fuite, étranger à Shanghai ("Bambi Galaxy"), puis au bout de son mal-être qui lui ouvre une perspective, l’apaisement ("La Dernière Seconde"). Jusqu’au bout ? Où est le bout ? De l’infiniment petit (c’est-à-dire lui mais aussi la nouvelle conquête de l’homme : ce cosmos intérieur qu’est le cerveau), il se tourne vers l’infiniment grand (le cosmos). L’humilité le saisit ("Devant l’Espace"). Alors il est prêt pour le grand départ. Seule issue possible que nous promettent les scientifiques. Il embarque avec femme et enfants pour un voyage loin au-dessus de nos têtes qui durera plusieurs vies ("Apollo 21"). Il accepte. Il s’est réconcilié. Il est infiniment heureux ("Ma Particule Elémentaire").
Je rêvais d’une épopée aussi contemporaine que futuriste. Et si vous vous demandez quelles substances j’ai bien pu prendre pour aller là-bas, elles sont nombreuses. Dans ma valise stellaire, il y a les films de SF et d’anticipation qui m'ont fasciné ado et que j’ai redécouverts : La planète sauvage de René Laloux (avec la superbe musique d’Alain Goraguer), Take Shelter de Jeff Nichols (ah, la musique de David Wingo), Melancholia de Lars Von Trier, Metropolis de Fritz Lang, La guerre des mondes ou Soleil vert et… 2001 de Kubrick qui reste d’une modernité absolue. Il y a aussi moult ouvrages scientifiques (parfois sans rien y comprendre ou presque) : Stephen Hawking, Etienne Klein, Brian Greene… Il y a les documentaires sur les mondes sectaires, les travaux de photographes portant sur la lumière et le rapport entre l’homme et l’univers. Il y a les installations d’artistes plasticiens comme Julio Le Parc. Sans oublier la rencontre avec Daniel Tammet, auteur synesthésiste du livre « je suis né un jour bleu ». Ensemble nous écrirons le texte 647 sur les nombres premiers.
Encore des semaines qui passent. Guillaume Cousin avance à tâtons, fabrique, avant d’imaginer sa future exposition. Moi, j’hésite, rature, réfléchis et m’inspire. Je finis par réunir en studio ma garde rapprochée (Djef Chauffour, Julien Decoret, Sebastien Collinet et Mathieu Gayout), à laquelle je demande de jouer moelleux, aérien, puissant tout en exagérant les aspérités. Le vrai voyage peut commencer… »
On l’aura compris : le nouvel album de Florent MARCHET est une véritable odyssée mélodique, un Space Opera pop électro-nirique qui adresse des clins d’oeil malicieux à Pierre Henry, Ligeti, François de Roubaix mais aussi à la nouvelle génération : Electric Guest, Gorillaz, Sigur Ros, MGMT, Ratatat…
Comme souvent chez Florent MARCHET, les chansons offrent plusieurs degrés de lecture possibles. On a beau l’observer sous toutes les coutures, ce disque est inclassable, à l’image du parcours de son auteur qui depuis l’aube des années 2000 pose ses valises où bon lui semble – mais souvent dans son studio. Qu’il écrive pour les autres (Clarika, La Fiancée…), s’acoquine avec les écrivains (et amis), Arnaud Cathrine et Olivier Adam, compose des musiques de film (À moi Seule, La Part de l’Autre), croise au détour d’un micro Jane Birkin, Philippe Katerine ou Gaëtan Roussel, enregistre un album de chansons de Noël (dans la plus pure tradition des scènes britannique et nord-américaine qu’il chérit), Florent Marchet n’en fait finalement qu’à sa tête. Il fait bien. Très bien.