« En tant que fille unique, l’imagination, pour moi, c’était tout. Je me tenais à l’écart, me contentais d’écouter, absorbant tout. Construisant mon propre monde. »
La voix provient de Whitechapel, à Londres, près des anciennes limites de la ville. Elle appartient à une jeune femme à la une présence noble et tranquille, mais qui possède aussi une force indéniable, qui jaillit de ses chansons à la fois mélancoliques et optimistes. Une jeune femme qui a grandi à Londres avec sa mère, au son des disques de soul, de reggae et de pop qu’écoutait celle-ci et qui rythmaient ses jours et ses nuits. Ces styles musicaux et ces sonorités constitueraient les composantes de base de la femme que JONES allait devenir, et de la musique qu’elle nous offre aujourd’hui.
JONES est devenue une grande et belle femme d’une vingtaine d’années que l’on remarque, dont émane une chaleur indiscutable, derrière son style soigné. Dans son enfance, dès qu’elle a eu de l’argent de poche, elle a économisé pour s’acheter des livres et des CD afin d’apprendre à chanter par elle-même : on peut encore entendre, aujourd’hui, cette adolescente timide qui trouvait de la force en mettant des mots sur ses émotions, en nourrissant ses mélodies de ses propres expériences, et en les interprétant avec une vie et une confiance toutes nouvelles. Durant toute son adolescence, elle a appris à jouer des claviers en autodidacte, puis a commencé à se rendre à de petits concours dans l’Est de Londres, et à participer à des scènes ouvertes. « Je me tenais là, complètement terrifiée, mais j’ai toujours su que je ne voulais pas laisser cette peur m’arrêter, jamais. Je devais le faire, comme une mission. »
Après des années de pratique et d’essais divers, elle a trouvé son propre son : une soul music électronique résolument moderne, avec une direction pop. Ses chansons sont toutes conçues pour frapper en plein cœur, « pour parler d’amour et de la vie d’une façon originale, comme si personne d’autre n’en avait jamais parlé avant ». Sa passion pour la longévité et la créativité de Stevie Wonder lui a appris cela depuis son enfance ; l’œuvre de Pharrell Williams, quant à elle, lui a appris à quel point on peut être audacieux et surnaturel en travaillant la production et les mélodies, quand on écrit de la pop moderne. L’obscurité et le sens du drame de Lykke Li, ainsi que l’étrangeté et l’entrain de Little Dragon, ont aussi appris à JONES à approcher les plus vieilles recettes de la pop d’une façon nouvelle et saisissante.
New Skin a vu le jour grâce au travail de JONES avec quelques incroyables génies du studio : Justin Parker, collaborateur de Lana Del Rey ; Rodaidh McDonald, producteur de Savages et mixeur de The xx ; Tourist, co-auteur de Sam Smith ; et l’énigmatique AK Paul. Travailler avec des talents aussi variés a poussé JONES à explorer de nouveaux territoires, mais a aussi renforcé sa vision de ce que ses chansons devaient réellement être : des moments visant à élever les gens hors et au-dessus de leurs vies, aussi difficile que cela puisse être. « Ce que je veux faire passer, c’est que c’est que c’est OK d’être comme vous êtes, où que vous en soyez, et d’apprendre quelque chose de ça. On a tous besoin de chansons tristes, parfois, mais c’est bon d’avoir également un certain optimisme, pour se libérer l’esprit des choses qui vous rendent malheureux. » Dans sa vie, elle a toujours été une amie du genre rédactrice du courrier du cœur, une épaule sur laquelle pleurer : elle en a parfois eu besoin, elle aussi, mais elle a acquis de la force en apprenant à gérer ça. La musique le permet. « J’adore quand la musique est capable de ça. Je veux le faire, moi aussi. »
Les chansons de JONES retentissent comme des cloches aux sonorités claires et brillantes. Il y a « Wild », qui parle de persévérance et du fait de ne jamais abandonner : pour se souvenir que, même quand on se sent prisonnier de sa vie, on possède toujours quelque chose de sauvage et de libre à l’intérieur de soi. « Tomorrow Is New » parle du fait de regarder quelqu’un qui a des ennuis, et de l’aider à traverser ça. Et l’épique « Waterloo » évoque ce moment où l’on sait qu’on doit laisser quelqu’un derrière soi, parce qu’on ne ressent pas les mêmes choses que lui.

Cette chanson nous ramène également à Londres, et à cette jeune femme qui a pris en main sa vie, toute seule, aux frontières de la ville, qui s’est dès le début construit un monde pour elle-même. Elle fait de la musique pour aujourd’hui – ses rythmes, ses sons et ses beats appartiennent indéniablement au 21ème siècle – mais ses espoirs et ses sentiments sont éternels, comme peut l’être la meilleure musique.
Noble, forte, observatrice, à l’écart : c’est JONES. Contentez-vous d’écouter, comme elle l’a fait. Puis savourez, tout en absorbant son monde.