Oscar And the Wolf est la création de Max Colombie, jeune flamand à l’extraordinaire voix de crooner, qui s’est choisi ce nom de groupe parce qu’Oscar « évoque pour moi quelque chose de poétique et que The Wolf a à voir avec la lune. » Pas étonnant de la part de ce personnage friand de solitude et d’ambiances nocturnes : « J’écris davantage la nuit. Je suis tout seul, au calme. »
Il a d’ailleurs composé son album seul dans sa chambre, à Bruxelles, avant de l’enregistrer entre la Belgique et Londres. Le résultat a été mixé à Londres par Leo Abrahams, producteur, musicien et collaborateur d’une impressionnante liste d’artistes qui va de Brian Eno à Paolo Nutini en passant par David Byrne, Florence and the Machine, Wild Beasts Ed Harcourt, Starsailor ou Carl Barât.
Avant ce premier album somptueux, Oscar And the Wolf avait publié deux EP, Imagine Mountains en 2011, un premier opus introspectif au parfum folk éthéré, et Summer Skin, en 2012, plus rythmique et épique, dont la teinte electro vaporeuse annonçait déjà le son à la fois classique et futuriste d’Entity. Dans la foulée, le groupe, étoffé de musiciens recrutés pour la scène, a tourné un peu partout en Europe.
Les chansons d’Entity, portées par une voix d’un autre monde, traitent de nos peurs quotidiennes : « Un oiseau en cage ne chante que quand il a accepté son destin », souligne Max. Sur des textures synthétiques et des grooves downtempo parfois volontairement bancals, mélangeant techno minimale et RnB pulpeux, on croise ici un piano à la Erik Satie, là une ambiance à la Chet Baker, comme sur « Joaquim » ou « Undress », pures ballades de science fiction dignes d’une soirée de gala sur le Vaisseau Enterprise, interprétées par un crooner nonchalamment assis sur un tabouret de bar. « Princes », séduisant RnB évoquant tout autant la sophistication de Sade que les atmosphères inquiétantes de David Lynch. Sur d’autres titres comme « Strange Entity » et « Somebody Wants You », une techno-pop légèrement décalée nous invite à danser pour oublier nos peines de cœur. Le tout évoque parfois les pionniers d’Underworld, formidable groupe d’electro pop mélodique.
Pourtant, lorsqu’on demande à Max Colombie d’où lui vient cette inspiration sombre, romantique et voluptueusement hypnotique, il parle… de cinéma et de la peinture – son premier amour – en citant les atmosphères de Lune de Fiel de Roman Polanski et du Cinquième Élément de Luc Besson, ou les œuvres de Francis Bacon… Mais il peut tout aussi bien faire l’apologie de True Blood et de ses vampires gothiques succombant à l’amour et au désir, ou du réalisme magique et hallucinatoire de Donnie Darko !
La passion de Colombie pour l’art et les films est parfaitement transposée sur Entity, véritable voyage onirique qui nous entraîne dans un univers mélodramatique, un monde de rêves tordus, peuplés de garçons et de filles du XXIe siècle perdus sous les pâles lumières des néons, à la recherche des uns et des autres, et surtout d’eux-mêmes. L’audacieuse ambition de Max est d’aller là où aucun groupe n’est jamais allé, d’effectuer une plongée dans l’inconnu en direction du futur, la seule chose qui nous reste. Prêts pour embarquer avec Oscar And the Wolf ?