Figurant parmi les pionniers de la nouvelle vague francophone (La Femme, Aline, Lescop, Granville ou Baden Baden) au début des années 2010, Pendentif tire vite son épingle du jeu avec ses chansons héritées à la fois de la pop anglo-saxonne et de la variété française. Des chansons en forme de cartes postales qui rayonnent sur un premier album, Mafia douce (2013), où le quintette aquitain redonne des couleurs à la pop hexagonale, qui en manque parfois à trop broyer du noir.

À l’instar d’autres exemples plus ou moins célèbres (du Pink Floyd aux Négresses Vertes, des Beach Boys aux Freluquets), le groupe bordelais a déjà connu plusieurs vies. Julia Jean-Baptiste, remarquée à travers quelques singles parus chez Entreprise et nouvelle interprète du groupe Nouvelle Vague, succède à Cindy Callède en pleine tournée de l’album. Celle-ci emmènera le groupe de la Chine à Montréal pour autant de concerts mémorables. Pendentif maintient le cap et commence à réfléchir à la suite discographique.

À Bordeaux, la formation se recentre autour de sa paire de compositeurs – Benoit Lambin et Mathieu Vincent – et renoue avec Thomas Brière (membre historique figurant au générique du tout premier 45 tours) pour produire l’album. À la vitesse de la tortue (des vertus du home-studio), Pendentif compose son nouvel album à l’aune d’influences disparates : la pop moderne de Saint Etienne, l’électronique contemplative de Toro Y Moi, la fraîcheur insolente des films de Jacques Rozier, le R&B sensuel de Blood Orange.

Les premiers morceaux composés (Bleu Cobalt, Vas-y Fais-le Vite, L’Au-Delà, L’Originel) vont rapidement donner la couleur synthétique et dansante de l’album. J’entends plus la guitare, comme dirait le cinéaste Philippe Garrel. Côté paroles, Benoit Lambin signe tous les textes, fortement imprégnés d’inspiration géographique entre une vieille bâtisse à retaper dans la vallée d’Aure (Hautes-Pyrénées) et des sorties littéralement vertigineuses avec le champion de France d’ULM, fan de Pendentif… Sans oublier un fil conducteur autour du bleu, qu’il fasse écho au bleu de cobalt de Van Gogh ou aux synthés FM du Grand bleu. Benoit s’est aussi souvenu d’une époque où Murat, remixé par The Mighty Bop, faisait danser les filles et les garçons de leur âge.

Au final, l’album Vertige Exhaussé virevolte entre mélodies addictives (Vertige Exhaussé, Saphir), rythmes chaloupés (Vas-y Fais-le Vite, Bleu Cobalt), atmosphères cotonneuses (L’Au-Delà, L’Originel) et refrains entêtants (Étrange, En Cascade). La voix suave de Julia Jean-Baptiste, qui n’est pas sans rappeler celle de l’immense Sade, se joue avec délice de ces montagnes russes pendant que le fidèle batteur Jonathan Lamarque fait encore des monts et merveilles.

Dans un paysage hexagonal musicalement de plus en plus éclaté – entre une pop à papa peu au goût du jour et un rap en passe de devenir la nouvelle norme radiophonique –, Pendentif trouve le juste milieu, le bon tempo. Quitte à donner le vertige pour faire rentrer le groupe aquitain dans une seule case.

Franck Vergeade

Crédits :

« Vertige Exhaussé »
Composé par Benoît Lambin & Mathieu Vincent
Ecrit par Benoît Lambin
Réalisé et mixé par Thomas Brière
Masterisé par Alexis Bardinet @ Globe Audio, Bordeaux