Sortie du single ‘In A Moment’
En téléchargement gratuit sur:http://www.stereophonics.com/inamoment/
Issu de l'album ‘Graffiti On The Train’

Kelly Jones est déjà venu dans ce pub de Londres. Mais ce n’est pas une surprise, vu que Jones, et son groupe, les Stereophonics, sont déjà allés à peu près partout.

Ces quinze dernières années, ils ont tourné aux quatre coins de la planète, classant en cours de route cinq albums à la première place des charts anglais. Ils ont joué en tête d’affiche au Millennium Stadium de Cardiff et traîné avec toutes les célébrités du rock, de Londres à LA. Mais c’est la décision d’arrêter de tourner pendant un an qui les a propulsés dans la réalisation de leur nouvel album et dans un changement de direction totalement imprévu.

Après la sortie de la compilation de leurs plus grands titres, A Decade In the Sun, qui s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires en 2008 et la parution de leur dernier LP, Keep Calm And Carry On, en 2009, ils ont quitté Universal Records, fait l’acquisition d’un nouveau « repaire » de répétition dans l’Ouest de Londres et poussé un soupir de soulagement.

« C’était la première fois depuis quinze ans qu’on n’était pas en tournée, » dit Jones, « et ça a été une des meilleures choses qu’on ait jamais faite. Quand tu t’arrêtes et que tu laisses ton esprit s’ouvrir un peu, des choses se mettent à y entrer. Par le passé, j’étais plutôt impatient, mais j’ai découvert quelque chose de nouveau ces deux dernières années : la patience. »

Au lieu de passer l’été en tête d’affiche de divers festivals, Jones s’est retrouvé à explorer d’autres voies créatives. « Il y avait toutes ces petites choses que je voulais faire depuis quinze ans. Que ce soit écrire des scripts, ou des nouvelles… aborder des styles de musique différents. Et j’ai tout simplement décidé d’arrêter de voyager et de voir ce qui allait se passer.

« J’ai écrit deux scénarios que je suis en train de développer… et j’ai basé une grande partie de ce disque sur l’un de ces scénarios. J’écris donc à propos des deux personnages de l’histoire plutôt qu’à mon propre sujet. Et dès que tu fais ça, tu commences à sortir un peu des sentiers battus. Tu n’essaies plus d’écrire un single avec un début, un milieu et une fin, un truc genre couplet, refrain. »

Le premier de ces scénarios – une version retravaillée d’une pièce écrite à l’adolescence – s’est retrouvé entre les mains de Paul Haggis, le cinéaste ayant remporté un Oscar qui avait utilisé le « Maybe Tomorrow » des Stereophonics dans son film Crash.

« Je ne l’ai jamais rencontré mais il se trouve qu’il l’a lu et qu’il m’a envoyé en retour quatre ou cinq pages remplies d’idées. Je n’arrivais pas à y croire. Et bizarrement, au même moment, Richard Curtis en a reçu un exemplaire. J’ai donc obtenu un retour de ces deux scénaristes de premier plan et leurs idées et leurs interprétations étaient si différentes que, pour moi, c’était passionnant. »

C’est le second scénario, pourtant, Graffiti On A Train, qui a inspiré le nouveau disque et lui a donné son titre ; un LP fascinant, cinématographique, qui ne ressemble à rien de ce qu’a tenté le groupe par le passé. Racontant librement l’histoire de deux amis qui fuient le pays après un tragique accident, le disque est à la fois méditatif et étonnamment fragile.

Il est aussi plus expérimental et plus spontané que les albums précédents, tout en présentant toujours les traits caractéristiques de l’écriture de Jones (un œil pour les petits détails et des descriptions minutieuses des personnages de ses chansons). Le germe de l’idée, pourtant, provient littéralement de la maison du chanteur située dans l’Ouest de Londres.

« Je n’arrêtais pas d’entendre ces gamins monter sur mon toit et je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait. J’ai pensé qu’ils essayaient de s’introduire dans la maison. Mais une nuit, je les ai surpris et j’ai crié par la fenêtre, ‘Qu’est-ce que vous faites sur mon toit ?’ Et ils ont répondu, ‘Oh, on n’essaie pas d’entrer par effraction, on essaie juste d’escalader votre maison pour accéder à la voie ferrée et peindre les trains’. »

« Tout ce temps, j’avais cru qu’ils essayaient d’entrer, mais ils voulaient juste faire des graffitis sur les trains. Pas que ce soit tellement mieux ! Ils utilisaient quand même mon putain de toit ! Mais ça a été le déclencheur de l’idée. J’ai imaginé ce scénario où un gars écrit des messages sur le train que prend sa copine tous les matins, et un jour il la demande en mariage. Mais c’est ce jour-là qu’il tombe du wagon, comme ces gamins au Soudan qui surfent sur les trains. C’est le début de l’histoire et la raison pour laquelle ils finissent par s’enfuir et aller en Europe… à partir de là, c’est une histoire de rites de passage. »

Fort d’une intrigue, le nouveau Jones, plus patient, s’est mis au travail. « Je me suis retrouvé en studio avec quarante idées inachevées au lieu de dix terminées. En procédant ainsi, les chansons sont devenues bien plus imprévisibles. Mais j’ai adoré la façon dont j’écrivais une ligne d’une chanson et dont je pensais, ça pourrait aller dans le scénario… et inversement une ligne du scénario pouvait aller dans une chanson. Ce n’est probablement pas la meilleure façon de faire, parce que l’album est longtemps parti dans tous les sens, mais le groupe et tous ceux qui étaient impliqués ont pris du bon temps à l’enregistrer, parce qu’on savait qu’on faisait quelque chose qu’on n’avait jamais fait auparavant. »

“Après huit albums, je ne voulais pas faire un disque du genre… ’oh, un nouvel album des Stereophonics’ et me demander à propos de quoi j’allais écrire maintenant que j’avais 38 ans. J’aurais pu faire ça, mais à mon avis, on a besoin de creuser un peu plus profond. »

Il ne s’agit pas, comme le dit Jones, d’un album archétypal des Stereophonics. Il s’ouvre sur « We Share The Same Sun », l’une des chansons le plus anciennes, écrite avant que l’intrigue soit complètement formée, un morceau fait pour votre autoradio, avec des refrains qui explosent, et qui ouvre le reste d’un LP incluant toutes sortes de tours et détours. Tout particulièrement cet avant-goût de l’album, « Violins And Tambourines », le premier titre à avoir été mis en ligne.

Spacieux et sombre, celui-ci monte graduellement jusqu’à son point culminant, agité, chaotique, balayé par les cordes : une histoire d’amour et de folie. Inspirés par un riff qu’avait Kelly sur son téléphone, les musiciens ont ajouté une partie de clavier Wurlitzer et Jones a improvisé les paroles par dessus. « En deux heures, c’était là, dans la pièce, et je me disais ‘d’où ça vient ?’ »

De bien des façons, c’est pour le groupe le voyage le plus éloigné du son que nous attendions de lui. « C’est pourquoi je voulais commencer par elle, » dit Jones. « Je me suis aussi éclaté à réaliser la vidéo parce que c’est une chanson très visuelle. »

« Violins », tout comme « Roll The Dice », un titre impétueux, rythmé, plein de cuivres, sont deux des morceaux préférés de Jones sur le disque, vers lesquels, dans son esprit, « se dirige le son du groupe. » Mais il y a aussi d’autres directions sur l’album. Il y a la merveille bluesy, réduite à l’essentiel et réalisée en une prise, « Been Caught Cheating », « Indian Summer », au parfum Tom Petty, ajouté au dernier moment, et l’incandescent et séduisant « Take Me », une sorte de « Murder Ballads » de Nick Cave, mais sur laquelle Kelly chante en duo avec Jakki Healy.

« J’adore Tom Waits, Nick Cave et les trucs de Grinderman, et tous les bruits dans le fond, on les a piqués à des gens comme ça. Jakki est venue faire la maquette et on a pensé, « et bien, c’est magnifique », et on n’y a plus jamais touché. J’aime aussi la lap steel à la fin. On n’avait jamais fait ça. »

Et c’est la clé de l’album. Jones prononce souvent les mots « défi » et « surprise », même s’il dit que « la première personne que je voulais surprendre, c’était moi-même. » En fait, c’est un album de premières fois, ce qui est plutôt un exploit pour un groupe qui a signé son premier contrat avec V2 en 1996 et a toujours été sur une major depuis. Enfin, jusqu’à aujourd’hui.

Ce nouvel album sera la première parution de son label, Stylus, un autre indice indiquant implicitement que le groupe se prépare à une nouvelle phase de sa carrière. Jones dit lui-même : « Une fois qu’on a eu fait le Greatest Hits et qu’il a eu du succès, on a pensé, bon, ça c’est fait, maintenant.

« Et je me fiche que l’album soit un échec ou un succès. Je me sens juste tellement à l’aise avec ce qu’il est. Et je ne dis pas que c’est le meilleur truc que j’aie jamais fait. Mais c’est certainement celui avec lequel je me sens le plus à l’aise. » C’est clairement, sinon une réinvention, du moins une réévaluation du groupe. Comme s’il repartait à zéro, mais avec le bénéfice de près de deux décennies d’expérience.   

Jones fait allusion à cet album comme étant le premier volet d’une histoire en deux parties, avec un deuxième disque à suivre. Mais pour ça, tout comme Jones, nous allons devoir être un peu plus patients.

Les Stereophonics sont : Kelly Jones (Chant/Guitare), Richard Jones (Basse), Adam Zindani (Guitare) et Jamie Morrison (Batterie).

Stereophonics sont: Kelly Jones- voix/guitare, Richard Jones- basse, Adam Zindani- guitare and Jamie Morrison- batterie.

www.stereophonics.com