Rappelons-nous, c’était il n’y a pas tellement longtemps. Été 2008, une chanson atterrit sur toutes les ondes du pays, une mélodie entêtante, et un slogan “On attend”, tube de l’été de nos radios.

3 Malgaches et 1 Belge d’origine italo-espagnole lançaient un cocktail étrange mais très séduisant, fait d’ingrédients puisés dans les musiques du monde et la pop anglosaxonne, le tout en français.

On entendra encore, quelques mois plus tard, “AieAieAie”, puis “Juste pour voir” (avec Stéphanie Crayencour), extraits d’un premier album frais, rythmé, gorgé de chœurs et sifflé sous pas mal de douches, de Arlon à Mouscron.
Plus de 100 concerts plus tard, du Bota aux Francos, mais aussi d’un préau d’école à une série de festivals organisés par des scouts, Suarez a pris des planches, et s’est trouvé un public; celui qui est si difficile à rencontrer et qu’on appelle pourtant monsieur et madame Toutlemonde.
Il y eut encore plusieurs escapades au Québec, des plateaux TV parisiens (Taratata), et enfin un voyage du groupe à Madagascar en décembre 2009. Puis silence radio, et fin du chapitre 1.

Lors d’un voyage en collaboration avec Graine de Vie*, le groupe a donc retrouvé Madagascar, ses rythmes, sa sidérante beauté et sa luxuriance, sa pauvreté aussi. C’était l’été là-bas, l’hiver chez nous: le retour en Belgique a été rude… Un second album commence alors à s’écrire avec toujours ce souci de la mélodie inoubliable, mais peut-être plus profonde, et soulignée de textes plus réfléchis.
Le groupe continue de composer dans son studio montois, mais souhaite passer une étape, en se retrouvant à quatre loin de tout. Le label boucle alors une session d’enregistrement à Waisme, aux désormais célèbres studios de La Chapelle.

C’est probablement de tout ça que vient “L’indécideur”, le nouvel album de Suarez. D’un groupe soudé, de ses origines diverses, de son expérience sur nos scènes et de ses succès sur nos radios, de ses voyages, et de ses rencontres.

Si “L’indécideur” est le fruit de ces années, alors la conscience d’un monde en mouvements et en inégalités, et la difficulté d’y vivre des amours simples ont dû compter beaucoup pour Suarez. Qu’on écoute “Le temps de voir”, “Qu’est-ce que j’aime ça”, ou encore “L’indécideur” pour s’en persuader. Qu’on écoute toutes les autres chansons de l’album pour pouvoir appréhender l’amour et ses multiples conséquences. Sur le premier album, le groupe reprenait, en les détournant “La vie en rose” et “La non-demande en mariage”; ici c’est “Porque te vas”, de Jeanette qui est reprise… Un signe?

*une ONG qui combat la pauvreté par des réformes structurelles “long-terme”, en replantant les vastes régions déboisées de Madagascar. Le groupe est devenu ambassadeur de la cause, et a décidé d’offrir l’intégralité des bénéfices de son premier single, et de son premier concert à Mons, à cette association.

Quelques questions à Marc Pinilla

Mons, c’est une ville importante pour vous?
“Moi j’y suis né, on y vit tous. On y trouve cette tranquillité qu’on n’a pas dans les grandes villes comme Bruxelles ou Paris. En même temps elle est riche d’histoire et de culture. Mons nous permet un certain recul, c’est un point d’ancrage, on y revient toujours et ça nous fait du bien.”

Vous calculez votre image?
“Oui et non; on sait que c’est important. C’est juste un renforcement de l’identité du groupe. C’est surtout le résultat de 3 ans de concerts ensemble, de voyages, c’est pas calculé, juste le fruit d’une aventure commune.”

Madagascar, ça a été un choc?
“Ça a été ma première expérience en Afrique, donc j’ai peut-être pas assez de recul pour parler de tout ça. Mais j’y ai vu la vraie pauvreté, les grands bidonvilles, où les gens rêvent de gagner plein d’argent, de ce qu’on voit à la TV, de ce qu’on y présente comme le bonheur. Et en contraste, la nature magnifique autour, la forêt, cette richesse. L’impact de la colonisation est triste à voir, vraiment choquant. Et au final tous ces gens qui sourient, qui sont accueillants. Un drôle de choc, oui!”

Les 3 autres, musiciens:
“Leur père s’est endetté pour acheter des instruments aux 13 enfants de la famille. Ils ont appris très jeunes, en imitant les oncles, les tantes. Comme il n’y a pas de DJ’s
à Madagascar, ils ont fait les bals pendant toutes leurs premières années. Puis il y a eu l’aventure Njava en Europe et partout dans le monde. Sacrée expérience!! Ce sont vraiment de très grands musiciens. Ils communiquent avec leurs instruments et leurs instruments font partie d’eux.

Vos influences musicales:
“Compliqué, c’est tellement large. En plus on est quatre. Ça va de la pop à la soul… Et avec les autres qui ont une grande carrière dans la world avec Njava. Le mieux c’est que l’on s’en parle, avec ceux que l’on va rencontrer grâce à notre disque.